Égide Viloux horizon(s)
Exposition du 18 février au 10 mars 2013
vernissage jeudi 21 février de 18h à 22h
6bis cité de l'ameublement - Paris 11e
du mercredi au samedi de 14h à 19h00 et sur rendez-vous
Vrac subtil et volupté par Brice Matthieussent
(Phrases à assembler. Les lettres de ce texte : des trous perforés dans le papier donnent derrière la feuille ou l’écran.)
À la table des négociations, les manches de pioches traversent les trous de la chaise.
Les bulles de savon colorées montent au-dessus des boules de pétanque en plastique.
La toile cirée recouvre la palette comme une peau.
Le mur est un tableau possible, l’espace devient peinture.
Le fond jaune fluo éblouit comme l’or des icônes byzantines.
Poser une chose, puis, plus loin dans l’espace, une autre, et ainsi de suite. Sur la page ou l’écran, un mot précède un blanc, suivi d’un autre mot, qui lui-même donne sur un blanc, puis un autre mot, et ainsi de suite. Pour composer des phrases, les blancs sont essentiels.
La peinture de Viloux est tridimensionnelle.
La peinture de Viloux travaille les marges de la toile, le devant, le derrière, les bords, elle explore le no man’s land du cadre.
La peinture de Viloux trousse ses dessous, jupes et jupons, rajoute de menus objets colorés sur le châssis, elle envahit le mur, remplit godets ou bocaux eux-mêmes empilés en colonne.
La peinture de Viloux s’étale, déborde, empiète, affiche une signalétique inconnue et allègre, elle zèbre sensuellement l’espace, s’installe crânement à même les murs en grands à-plats, elle colorie la lumière en se faisant fin rideau ou vitrail précaire.
La peinture de Viloux envahit sans vergogne la toile imprimée et les tissus teints, elle grimpe allègre aux rideaux, aux poutres, aux étais, aux échelles, au jubé des chapelles, elle opacifie les vitrines, se confronte à l’altière toile de Jouy, elle fuit de partout, rivalise avec les motifs industriels, s’immisce là où on ne l’attend pas.
La peinture de Viloux réécrit l’espace et l’architecture.
Trous, disques, sphères, pour détendre l’atmosphère, indiquer de la peinture l’aire, situer et pointer des repères, brandir l’égide contre les pères
Égide : « Bouclier de Zeus, qu’il confiait souvent à sa fille Athéna. » (Robert)
Les trous circulaires incisent la toile et l’ouvrent à des lignes de fuites variables, des tondos inédits. Les disques colorés sont des points, des jetons de casino de valeurs diverses, une monnaie d’échange visuelle, des feux de circulation pour regards naïfs ou avertis. Quant aux sphères, ce sont les billes et calots ou boulards colorés de l’enfance, les boules de la pétanque mûrie, la balle saisie au bond, l’occasion de la passe, la cosmologie du désir, un planétarium figé ou une sarabande effrénée.
Mesdames et messieurs, faites vos jeux !